Comprendre le conflit Israélo-Palestinien et son contexte historique
- marchesglobauxhec
- Nov 15, 2023
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Il y a un mois déjà qu’au matin du 7 octobre, le Hamas lançait une série d’attaques-surprises, autant aériennes que terrestres, sur des bases militaires et des municipalités israéliennes en bordure de la bande de Gaza. Parmi ces attaques, la plus dévastatrice fut celle du festival de musique Supernova au Kibboutz Re’im. En effet, plus de 270 festivaliers ont succombé à l’attaque des 50 militants armés du Hamas venu les surprendre en pleine fête. Ces attaques ont enclenché une réplique d’Israël qui a déclaré l’état d’alerte dans tout le pays et promis d’anéantir le Hamas. Depuis ces événements, le bilan s’alourdit autant du côté israélien que palestinien. En date du 8 novembre, on compte plus de 1400 décès israéliens, la majorité étant des civils décédés le 7 octobre, ainsi que plus de 240 personnes toujours tenues en captivité par le Hamas. Du côté palestinien, le bilan est encore plus lourd. On compte plus de 9700 personnes décédées lors des bombardements-ripostes d’Israël. Évidemment, un conflit de la sorte ne commence pas de façon spontanée, mais est plutôt le résultat de plusieurs années de frictions et d’affrontements entre les deux parties.
Le conflit israélo-palestinien trouve ses racines dans l'histoire complexe et tourmentée de la région du Moyen-Orient. Israéliens et Palestiniens se disputent la possession de la terre historique de Palestine, un territoire d’une importance religieuse, culturelle et politique inestimable pour les deux parties. L'histoire de ce conflit est marquée par une succession de guerres, d'occupations, de négociations échouées et d'efforts de paix, chacun de ces événements entraînant des répercussions profondes sur les perspectives d'une résolution pacifique. Comprendre l’histoire de ce conflit et ses racines est essentiel pour mieux appréhender les enjeux actuels et envisager des solutions durables.
À l’issue de la Première Guerre mondiale et du démantèlement de l’Empire ottoman, le Royaume-Uni se voit mandaté à « placer [la Palestine] dans des conditions politiques, administratives et économiques qui permettront l’établissement d’un foyer national juif et le développement d’institutions d’autogouvernement ». En 1947, la résolution des Nations unies a changé la division territoriale de la Palestine pour la partager entre le peuple juif et le peuple arabe. Cependant, Jérusalem, une ville importante pour les trois religions monothéistes, demeure sous contrôle de l’ONU afin de préserver l’accès au lieu sacré à tous. C’est un accord qui est accepté par les représentants de la communauté juive de Palestine, mais refusé par la majorité de la communauté arabe, dont les représentants des Arabes de Palestine.
L’année suivante, Israël déclare son indépendance et les pays arabes (Transjordanie, Égypte, Irak, Syrie, Liban) s’en révoltent ; le conflit israélo-arabe en résulte. Le 15 mai 1948, dès le lendemain de la déclaration d’indépendance, les troupes de plusieurs pays membres de la Ligue arabe (Égypte, Irak, Jordanie, Liban, Syrie, Yémen) envahissent la Palestine. En janvier 1949, Israël remporte la guerre, notamment grâce aux armes fournies par l’URSS via la Tchécoslovaquie. Sa superficie s’agrandit d’un tiers pour atteindre 78 % du territoire. Jérusalem est coupée en deux : l’Est pour la Jordanie, l’Ouest pour Israël, qui la désigne comme capitale. La Palestine est démantelée : sur les bords de la Méditerranée, la bande de Gaza passe sous contrôle égyptien, la Jordanie annexe la Cisjordanie. Entre décembre 1947 et juillet 1949, près de 700 000 Arabes de Palestine, expulsés de leurs terres et leurs habitations, sont contraints de fuir. Cette fuite laisse place à une vague d’immigration israélienne. Cet exode est commémoré chaque année par les Palestiniens qui l’appellent la « Nakba », ou la catastrophe. En 1956, Israël envahit l’Égypte à la suite de la nationalisation du canal de Suez. Un accord de paix est éventuellement conclu avec l’aide des États-Unis et de l’Union soviétique. En 1967, la guerre des Six Jours est déclenchée par Israël avec une attaque sur les forces égyptiennes, qui avaient mis en place un blocus sur le détroit de Tiran et avaient remilitarisé le Sinaï, ce qui était contraire à des accords de 1957. Ce conflit permet à Israël de prendre le contrôle de la Bande de Gaza, du Sinaï, de la Cisjordanie, des hauteurs du Golan et d’une partie de Jérusalem. En 1973, une coalition entre l’Égypte et la Syrie déclenche la guerre du Kippour, qui est remporté par Israël grâce à l’aide de ses alliés. L’accord de paix qui en résulte devait comprendre une clause concernant la Palestine, mais celle-ci n’entre jamais en vigueur.
En 1987, le Hamas est formé et la première Intifada, aussi appelée Guerre de pierres, survient. Le Hamas est un groupe contrôlant la Bande de Gaza considéré terroriste par de nombreux États, dont le Canada. C’est un mouvement de résistance opposant l’occupation israélienne dans la Bande de Gaza ainsi que dans la Cisjordanie. Après six ans de conflit, les accords d’Oslo sont signés par des représentants palestiniens et israéliens qui reconnaissent « les droits politiques mutuels et légitimes » et qui ont pour but de mener la Palestine à l’autogouvernement. Cependant, en 2000, une seconde Intifada survient suite à la visite d’Ariel Sharon, chef du parti Likoud qui appartient à la droite Israélienne, à l’esplanade des mosquées un site historique jordanien situé à Jérusalem. Perçu comme une provocation par les Palestiniens, des affrontements éclatent entre les deux parties dans les jours qui suivent. En 2002, pendant les affrontements, un mur ensuite construit par l’État israélien afin de limiter et contrôler les déplacements des Palestiniens souhaitant quitter la bande de Gaza. La deuxième intifada continuera jusqu’en 2004 causant plus de 6000 morts. En 2005, un retrait des forces militaires israéliennes est fait à Gaza qui demeure cependant dépendant d’Israël pour l’eau, l’électricité et les moyens de communication. La prise de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas en 2007 marque le début d’une série de mesures de blocus imposé par Israël et une escalade de la violence s’ensuit.
Entre 2007 et 2017, les tensions dans la région sont toujours extrêmement présentes, et autant Israéliens que Palestiniens se répondent à tirs de roquettes, raids aériens, attaques au couteau ou encore destruction de tunnel. En 2009, le premier ministre israélien actuel, Benyamin Netanyahou, accède au pouvoir pour former un gouvernement de droite qui sera ferme quant à la question palestinienne. Au début de l’année 2017, dans une réunion sur la paix au Moyen-Orient, Donald Trump déclare vouloir déplacer l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem. En décembre de la même année, il reconnaît officiellement Jérusalem comme étant la capitale de l’état hébreu. Ces déclarations entraînent un regain de tensions qui ne s’étaient d’ailleurs pas particulièrement apaisées. En 2019 se tient la Conférence économique de Bahreïn, sans représentant israélien ni palestinien, qui a pour objectif d’investir dans de nombreux secteurs pour relancer l’économie palestinienne. En 2020, Donald Trump propose également un plan de paix qui est directement refusé par les Palestiniens. Une énième crise éclate en avril 2021 faisant plus de 270 morts.
Bien que sur papier, le conflit armé oppose seulement deux parties, de nombreuses autres puissances militaires mondiales comme les États-Unis qui supportent Israël, et l’Iran qui supporte le Hamas pourraient s’y impliquer et compliquer davantage la situation. L’implication ou la non-implication de ces parties prenantes pourrait avoir une grosse influence sur la résolution ou l’escalade du conflit dans les prochaines semaines voire mois.
L'équipe Politique,
Elliot Deslauriers, Évelyne Blanchet, Juliette Roy, Gabrielle Géli, Baptiste Bourdeille