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Égypte : les défis et les opportunités liés au prêt du FMI

  • marchesglobauxhec
  • Mar 24, 2024
  • 4 min read

Matis Patenaude, Adel Benferhat, Olivier Rodier



Situation économique actuelle 

L'Égypte, le pays le plus peuplé du monde arabe avec près de 106 millions d'habitants, connaît une situation économique complexe depuis plusieurs années. En effet, avec une inflation de 35,7 % en février et une dévaluation croissante de sa monnaie, l'Égypte est en pleine crise économique. 



Plusieurs événements géopolitiques récents ont ébranlé l'Égypte, notamment la guerre en Ukraine et le conflit à Gaza.  La guerre entre la Russie et l'Ukraine a entraîné d'importantes conséquences sur le pays, car l'Égypte est le premier importateur de blé mondial et ses deux principaux fournisseurs, l'Ukraine et la Russie, ont largement diminué leurs livraisons depuis le début de la guerre. Le prix du blé a donc largement augmenté durant cette période, ce qui coûte cher à l'Égypte. En effet, encore environ 70 millions d'Égyptiens dépendent du programme de subventions alimentaires publiques, alimentant ainsi la dette du pays qui dépasse les 150 milliards de dollars. 

 

De plus, le conflit à Gaza a endommagé l'industrie touristique et diminué les revenus du canal de Suez. Avec une guerre à la frontière du pays, les voyageurs sont réticents, ce qui fait diminuer les revenus du tourisme, une industrie importante pour l'État arabe. De plus, avec la multiplication des attaques des Houthis sur des navires commerciaux, plusieurs compagnies de transport maritime ont décidé d'éviter la région et donc le canal de Suez. Ceci diminue les revenus des droits de transit du canal, qui étaient d'environ 8,6 milliards d'euros en 2022 et qui sont significatifs pour l'Égypte. 

 

La situation économique difficile de l'Égypte a plusieurs autres causes qui s'étendent depuis des années et des décennies. Le développement industriel laborieux et lent, les politiques d'exportation déficitaires, une dette croissante et un seuil de pauvreté grandissant qui atteint plus de 30 % de la population. En réponse, le gouvernement égyptien, dirigé par le président Sisi, investit beaucoup dans l'infrastructure, comme dans des logements pour sa population grandissante et dans une nouvelle capitale, qui a coûté plus de 58 milliards de dollars, mais n'investit pas assez dans des programmes d'aides sociales selon plusieurs experts. 

 

Prêt du FMI et ses répercussions sur le pays 

Le mercredi 6 mars dernier, la Banque Centrale d'Égypte (BCE) a fait une annonce importante en augmentant son taux d'intérêt principal de 600 points de base, le portant à 27,75 %, mesure accompagnée également de la flottaison de la livre égyptienne. Ces actions, qui visent à lutter contre l'inflation et à attirer les investissements étrangers, font partie des principales exigences du Fonds Monétaire International (FMI) pour augmenter son prêt de sauvetage de 3 milliards de dollars US convenu par les deux parties en 2022, à 8 milliards de dollars US

 

Parmi ces demandes figurent l'instauration d'une taxe sur la valeur ajoutée, la diminution des subventions à l'électricité et l'augmentation des prix des carburants. Cependant, l'impact le plus significatif a été provoqué par l'adoption d'un régime de change flottant, qui a entraîné une dépréciation de 60 % de la livre égyptienne par rapport au dollar, quelques heures seulement après l'annonce. En effet, à la fin de la journée, les banques échangeaient la monnaie américaine à plus de 50 livres pour 1 dollar, contre environ 31 livres précédemment. Les Égyptiens issus des classes moyennes et pauvres sont les plus durement touchés par la hausse des prix, un phénomène en cours depuis le lancement du programme de réformes par le gouvernement en 2016 visant à redresser l'économie du pays. Cette nouvelle dévaluation ne fera qu'aggraver les souffrances du peuple. 



De plus, la Banque Centrale égyptienne a mis en avant que l'adoption d'une devise flottante contribuerait à éradiquer le marché noir des devises dans le pays. Ce marché illicite émerge lorsque le gouvernement fixe la valeur de sa monnaie à un niveau jugé excessif par le marché. En optant pour une devise flottante, le taux de change est dicté par l'offre et la demande sur le marché des changes, permettant ainsi une adaptation du prix de la devise en fonction des conditions du marché. Par conséquent, la décision de la BCE devrait progressivement supprimer ce marché noir à long terme, à mesure que l'environnement économique se stabilisera et que l'accès aux devises étrangères deviendra plus ouvert. 

 

Cette entente entre l'Égypte et le FMI a été rendue possible, entre autres, grâce à l'investissement de 35 milliards de dollars des Émirats arabes unis dans le pays, visant à développer le tourisme dans cette nation en crise. Les fonds émiratis, dont la première tranche a déjà été reçue, ont éliminé les inquiétudes concernant le déclin des réserves de devises étrangères et ont permis à la Banque Centrale d'Égypte de relever ses taux d'intérêt et de dévaluer la monnaie nationale. 

 

En résumé, les récentes mesures économiques prises par l'Égypte, soutenues par le prêt du FMI et l'investissement des Émirats arabes unis, témoignent de sa volonté de surmonter les défis actuels et de poser des bases solides pour une croissance économique durable. Ensemble, ces initiatives offrent un espoir de progrès économique et de stabilité pour le pays dans les années à venir. 

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