Vers une alliance panafricaine autour des ressources minières
- marchesglobauxhec
- 28 sept.
- 3 min de lecture

L’Afrique a toujours été perçue comme un continent riche en ressources naturelles. Elle détient à elle seule 48% du cobalt, 48% du magnésium, 22% du graphite dans le monde et plusieurs autres minerais très convoités. En revanche, bien que l’Afrique contienne toutes ces ressources, la population locale n’en bénéficie que très peu. Cette situation s’explique par divers facteurs, dont la corruption et l’emprise de d’autres pays sur ces mêmes ressources.
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Contexte économique
L’économie africaine présente à la fois un potentiel immense et des défis structurels persistants. En 2024, le PIB moyen par habitant en Afrique subsaharienne atteignait seulement 1 516,40 USD, un chiffre qui illustre le retard de développement du continent face aux autres régions du monde. Malgré une abondance de ressources naturelles, la croissance reste freinée par un chômage structurel élevé, dont le taux a augmenté d’environ 16 % entre 2019 et 2021.
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À ces défis internes s’ajoutent de lourdes fuites financières qui affaiblissent la capacité de l’Afrique à tirer profit de ses richesses. En 2022, le continent a enregistré 190,7 milliards de dollars d’entrées financières, mais il a simultanément perdu près de 587 milliards de dollars. Parmi ces pertes, environ 90 milliards provenaient de flux financiers illicites, 275 milliards de détournements par des multinationales et 148 milliards liés à la corruption.
Ces réalités démontrent que, sans une transformation structurelle et une meilleure maîtrise de ses ressources, l’Afrique continuera de voir ses richesses s’évaporer au détriment de son développement économique et social. C’est dans ce contexte qu’émerge l’idée d’une coalition stratégique visant à renforcer la souveraineté économique du continent.
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Une résurgence du Panafricanisme
Cette volonté s’inscrit dans une dynamique politique et idéologique qui rappelle le panafricanisme, mais avec une forte dimension économique. L’objectif est d’assurer l’indépendance des pays africains et de renforcer leur solidarité pour ne plus subir les conditions imposées par les puissances étrangères exploitant leurs matières premières.
Si les tentatives passées d’émancipation, comme celles de Thomas Sankara ou de Patrice Lumumba, ont souvent été interrompues tragiquement, l’idée panafricaniste demeure vivace. Le cas récent du Burkina Faso, dirigé par Ibrahim Traoré, illustre cette volonté de s’affranchir de l’impérialisme et du néo-colonialisme, et de reprendre le contrôle des ressources stratégiques.
Aujourd’hui, ce projet de coalition s’inscrit aussi dans un contexte géopolitique particulier. La Chine domine déjà le secteur des métaux verts en Afrique, tandis que les États-Unis et l’Europe cherchent à diversifier leurs approvisionnements, notamment en République démocratique du Congo. Cette rivalité crée une fenêtre d’opportunités pour les pays africains, qui peuvent renforcer leur pouvoir de négociation, attirer des investissements plus variés et développer des capacités locales de raffinage et de transformation.
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Un changement dans le contexte économique
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Un tel plan aura bien sûr un impact sur le plan économique non seulement africain, mais aussi à l’échelle mondiale. En créant cette alliance, les pays africains construiront des usines pour la transformation et le raffinage des ressources sur place avant de les exporter. L'exemple du Zimbabwe illustre déjà cette dynamique, où sous la pression du gouvernement, les entreprises ont mis en place des raffineries de minerais, créant plus de 5 000 emplois et augmentant leurs recettes d’exportation de lithium à 600 millions de dollars en 2023, en très peu de temps.
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Au-delà de ces résultats immédiats, les pays investiraient dans la construction d’infrastructures et la formation de main-d'œuvre qualifiée, favorisant ainsi une croissance économique durable. Les créations d’emplois pourraient atteindre jusqu’à 2,3 millions par an, dont près de la moitié proviendrait de la République démocratique du Congo grâce à son abondance riche en lithium, cobalt et cuivre.
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La coalition permettra aussi de renforcer les partenariats économiques entre nations africaines et nations étrangères, dont le Canada, stimulant ainsi l’économie africaine et mondiale. Avec plus d’emprise sur leurs ressources, les nations africaines membres de la coalition pourront mieux défendre leurs intérêts et occuper une place plus importante dans l’économie mondiale, créant ainsi une opportunité de générer plus de 32 milliards d’exportations annuelles supplémentaires, entraînant une hausse considérable du PIB de 24 milliards par an.
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Une telle avancée créerait de la valeur pour ses pays africains face au reste du monde et leur offrirait une meilleure capacité de négociation.  Avec un régime politique et économique plus stable, l’Afrique pourrait plus intéresser les investisseurs à l’étranger, souvent réticents à investir en Afrique en raison de l'instabilité qui y règne. Â
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Toutefois, de nombreuses limites doivent être considérées. L’exploitation minière présente de réelles conséquences négatives sur l’environnement et la dépendance aux marchés étrangers subsiste. Enfin, l’instabilité politique dans plusieurs des pays producteurs fragilise la faisabilité d’un tel projet.
Sarah Ait Siselmi, Coraly Leilah Duplessis, Fatine Moumni