top of page

Transaction historique : Electronic Arts privatisé pour 55 milliards de dollars

ree

Imaginez que derrière votre jeu de sport préféré, se cache un échange financier colossal où un consortium mené par des fonds souverains prennent le contrôle d’un géant du jeu vidéo pour 55 milliards de dollars. C’est bien plus qu’une simple transaction : un changement d’ère pour l’industrie tout entière.


Un groupe d’hommes d’affaires constitué du PIF, de Silver Lake (une compagnie de private equity qui se spécialise dans la tech) et d’Affinity Partners, la firme de Jared Kushner vont racheter Electronic Arts d'ici au premier trimestre fiscal de 2027, sous l’approbation des actionnaires et des régulateurs. Le rachat d’EA peut s’avérer une bonne nouvelle puisque depuis son entrée en bourse, les investisseurs scrutaient à la loupe les résultats immédiats, souvent au détriment de l’innovation.


EA est une entreprise fondée en 1982 en Californie qui se spécialise dans la conception de jeux vidéo et qui est en bourse depuis un certain temps qui va passer sur le marché privé. Cette dernière a un large poids dans le secteur, avec des revenus massifs qui génèrent des titres 3A et des licences sportives mondiales. Ses franchises clés sont EASports FC, anciennement FIFA, Madden NFL, Apex Legends, the Sims, Battlefield, Need for Speed et Star Wars Jedi, etc. 


Il y a eu beaucoup de consolidation dans le secteur du jeu vidéo récemment. Des grosses entreprises réputées font des acquisitions stratégiques pour diversifier leurs portefeuilles. En 2022, Microsoft a fait l’acquisition d’Activision Blizzard pour 69 milliards de dollars, la plus grande acquisition de l’histoire du gaming. Aussi, en 2022, Sony a fait l’acquisition de Bungie pour 3.6 milliards de dollars. Ces géants veulent sécuriser du contenu exclusif pour alimenter leurs écosystèmes.


L’opération privatisera l’entreprise, c’est-à-dire, le retrait complet de la société des marchés boursiers. L’acquisition est de 55 milliards de dollars. Le consortium va racheter la totalité des actions en circulation au prix de 210 dollars par action, soit une prime de 25% par rapport au cours du titre avant l’annonce officielle. Une partie du financement provient de l’endettement soit un LBO. Environ 36 milliards sont en fonds propres par le consortium et le restant sera un prêt structuré et garantie de la part de JPMorgan Chase.  Le PIF déjà actionnaire minoritaire de EA a décidé de réinvestir sa participation existante dans la nouvelle entité plutôt que d’encaisser la totalité du produit de la vente.


L’acquisition d’Electronic Arts par le consortium d’investisseurs était basée sur plusieurs raisons importantes. En effets, EA dispose d’un catalogue de franchises important dont plusieurs qui ont un cycle de renouvèlement annuel, majoritairement les jeux de spots (NBA, Madden, Fifa, etc.), ce qui vient solidifier la récurrence de leurs revenus et qui permet à ces investisseurs de s’attendre à une certaine stabilité des revenues, ce qui à leurs yeux, vaut beaucoup. L’achat d’EA ramène plusieurs possibilités comme l’expansion dans le milieu des jeux mobiles étant un secteur dans lequel EA peine à créer une valeur ajoutée. Pour PIF, le fonds souverain provenant d’Arabie Saoudite, cet investissement leur permet d’apporter une diversification stratégique qui leur permet de s’éloigner du point central de leur économie, les hydrocarbures.


L’acquisition d’une compagnie opérant dans le gaming et l’eSport permet à PIF d’entrer dans des secteurs soft power qui viendraient renforcer l’influence culturelle du pays. Le potentiel de monétisation accrue d’EA est énorme, l’un des leviers les plus évidents serait celui des microtransactions comme les passes saisonnières, les loot boxes ou bien les DLCs, qui sont déjà très répandus dans les jeux d’EA, mais qui, sous la nouvelle privatisation de la compagnie, risquent d’être encore plus exploités pour maximiser les revenus. En additions aux revenues déjà très stables de la boîte, ces microtransactions sont-ce qui a rendu intéressant d’utiliser un LBO de grande ampleur et de lever $20 milliards en dette pour l’acquisition qui sera facilement remboursable grâce aux cash flows stables et à la position de l’entreprise dans son secteur.  Pour ce qui est des coûts, l’IA est souvent évoquée comme l’un des moyens qu’ils utiliseront pour réduire la charge salariale, le développement et l’optimisation de la marque pour accroître les marges.


Les impacts pour EA sont, eux aussi, nombreux, l’une des plus importantes est leur passage au statut d’entreprise privée qui vient grandement diminuer la pression en n’étant plus soumis aux attentes du marché public. Cela vient donc leur permettre d’investir dans de projets à moyen et long terme sans se soucier de l’impact sur le cours boursier. La compagnie n’est plus forcée à des contraintes de divulgations, ce qui leur donne plus de jeux dans les choix stratégique et qui peut venir stimuler des prises de risque plus audacieuses qu’auparavant. À court et moyen terme, la dette ramène toutefois une énorme charge financière qui risque de mener EA à se concentrer sur des produits plus sûrs au détriment de ceux étant plus créatifs/nouveaux. Cependant, cela peut venir affecter la culture de la compagnie et potentiellement faire fuir certains talents créatifs au sein des employés. Somme toute, il est important de comprendre la capacité d’EA à prendre des risques, ce qui leur donne la chance de venir innover dans leur secteur, mais aussi au sein de leur propre compagnie avec une intégration verticale pouvant ramener de nouvelles lignes de revenus comme la diffusion sportive ou de nouveaux partenariats avec des ligues sportives.


Avant l’annonce officielle d’EA, le cours de son action avait déjà bondi de plus de 15% à la suite des publications de Wall Street Journal & The Financial Times. Le 26 septembre, l’information rendue publique par les médias comprenait la valorisation de $55BN du rachat et de la privatisation d'EA ainsi que le consortium relié au rachat. Quelques jours plus tard, le 29 septembre, l’entreprise américaine a effectué une publication comprenant les détails et l’officialisation du rachat. À la suite de l’annonce, la progression du cours de l’action d’EA s’est ralentie comparée à la dynamique de la période spéculative. Cela-dit, même si la progression a stagné, en comparant au-jour-le-jour le cours de l’action du 10 Octobre 2025 et 2024, il y a eu une hausse de plus de 40%. En somme, ce rachat marquera l’histoire puisqu’il constitue le plus gros Private Equity buyout jamais enregistré, où les fonds moyen-orientaux parient sur la valorisation attractive d’EA.


La clôture de la transaction devra donc se faire dans le premier trimestre de 2027, tel que prévu par l’administration d’EA. Toutefois, la compagnie attend toujours sur deux approbations clés : les teneurs d’actions et l’autorité régulatoire. Mais quelles seront donc les perspectives d’EA à la suite de ce rachat ? L’action d’EA va être retirée du Nasdaq au T1 2027 selon le calendrier actuel.


Comment mentionné précédemment, les teneurs d’actions recevront une valeur de 210 $/action à cette date. Compte tenu de l’information connue à ce jour, la structure administrative de l’entreprise ne sera pas affectée et la vision stratégique d’EA continuera dans la même direction.

 

Félix Coutu-McEvoy, Gabriel Houde, Nicolas Nantel et Askar Talkenov 

@ 2023 MGH. Tout droits résérvés

  • Instagram
  • LinkedIn

S'abonner

Abonnez-vous à notre infolettre pour rester à jour et ne jamais manquer une publication!

Merci beaucoup!

bottom of page